2022: année la plus chaude depuis le début des mesures
Bonjour à tous,
Remarques méthodologiques introductives - Les valeurs "normales" citées sont calculées sur la période de 30 ans qui s'étend de 1991 à 2020, sauf indication contraire. Les données sont issues des postes de Météo-France et d'Infoclimat.
Les températures moyennes de l'année 2022 sont exceptionnellement douces sur les hautes terres du Massif central: les valeurs oscillent en général entre 12°C vers 800 m et 6°C près des sommets. Les records sont nettement battus sur les périodes de référence disponibles, 30 ans, 60 ans ou plus. Par exemple, à St-Flour et au Mont-Aigoual, les valeurs de 2022 n'ont jamais été aussi élevées depuis 100 ans au moins - Voir graphique de Saint-Flour ci-dessous. Le record le plus spectaculaire est enregistré au Mont-Aigoual où l'on dépasse l'ancien record (2020) de 1,2°C !
A l'échelle mensuelle, tous les mois sont excédentaires, en particulier mai et octobre - Cf Graphique du Mont-Aigoual ci-dessous
Les précipitations de l'année 2022 sont très déficitaires sur l'ensemble du Massif central - Cf carte bilan 2022 ci-dessous. Dans l'Aubrac, les précipitations n'ont pas été aussi faibles depuis 1991 au moins.
D'une manière générale, les valeurs annuelles oscillent entre 700 et 1000 mm. Les secteurs les moins arrosés (< 700 mm) correspondent à l'Est des monts d'Auvergne, au Devès, à la Margeride et au Vivarais. Dans les secteurs les plus secs (< 500 mm), certaines communes sont touchées par des problèmes d'alimentation en eau potable, comme ici dans le Devès - Lien vidéo. A l'inverse, les valeurs dépassent 1000 mm voire 1500 mm au coeur des monts du Cantal, des monts Dore et du Tanargue (> 1800 mm au Falgoux dans le Cantal par exemple).
A l'échelle mensuelle, mai et surtout juillet sont très déficitaires - cf graphique de Chambon-sur-Lac ci-dessous. En juillet, la plupart des postes reçoivent moins de 10 mm, ce qui correspond souvent à une valeur record depuis 1991 - Cf carte bilan 2022 ci-dessus. Des records plus anciens sont parfois battus, comme à Cros, en Artense, où aucun mois de juillet n'a été aussi sec depuis 1961 au moins. A l'inverse, juin 2022 est souvent excédentaire grâce à un épisode remarquable les 25 et 26 touchant essentiellement les monts d'Auvergne - Voir carte bilan 2022 ci-dessus et graphique de Chambon ci-dessous.
Les mois de mai et de juillet sont également assez calmes, avec un nombre de jours de vents forts relativement faible (4 jours en juillet au Mont-Dore 1660 m par exemple).
Le résumé de l'année 2022 est donc très simple - Cf schéma ci-dessous. La chaleur et la sécheresse de 2022 s'expliquent à la fois par le contexte de réchauffement climatique d'origine anthropique et par les conditions de circulation atmosphériques avec une fréquence relativement faible des flux perturbés océaniques et méditerranéens.
Retour sur 2022 en images
Janvier:
Mars:
Avril:
Mai:
Juin:
Juillet:
Août:
Octobre:
Novembre:
Décembre:
L'année 2023 semble débuter sur des bases moins excessives... A suivre.
Bulletin du 11 mars 2023
Bonjour,
Avant de faire le point sur la situation du 11 mars, petit bilan de février.
Bilan de février 2023
Février 2023 est doux sur l'ensemble des hautes terres du Massif central. Les T moyennes oscillent en général entre 0°C et 3°C avec 15 à 20 jours de gel - Cf graphique de St-Flour ci-dessous. Dans le détail, on note une alternance de périodes froides et très douces, de telle sorte que les amplitudes thermiques sont marquées: au Mont-Dore 1660 m, l'amplitude est de 24,6°C, soit la valeur la plus élevée pour un mois de février depuis l'installation de la station en 2014 (source Infoclimat).
Février 2023 est très sec sur une grande partie du Massif central - Cf carte ci-dessous. Les valeurs sont généralement comprises entre 10 et 50 mm. Des records sont battus (depuis 1990 au moins) dans la partie médiane où les valeurs sont inférieures à 10 mm (Margeride, Devès, etc.). Seule la bordure sud-est est un peu mieux arrosée avec 50 à 100 mm du Tanargue à l'Aigoual.
Février 2023 est assez peu enneigé, avec des chutes de neige de faible intensité. Toutefois, le stock de janvier a permis de maintenir une ambiance hivernale et des pistes de ski ouvertes, en particulier dans les monts d'Auvergne - Cf photo ci-dessous.
Situation du 11 mars
Avec le redoux, la fonte du manteau neigeux, peu épais, se poursuit dans le Massif central. Il ne subsiste généralement que des traces ou des plaques résiduelles sauf sur les plus hauts versants exposés au Nord et à l'Est. Le déficit d'enneigement s'aggrave, il est d'autant plus remarquable qu'on s'élève en altitude - Cf graphique du Mont-Dore 1700 m ci-dessous. On peut noter le bel apport pluviométrique en cours dans les monts d'Auvergne, avec un cumul de 100 à 200 mm depuis mardi.
Le déficit d'enneigement touche la majorité des montagnes françaises, en particulier les Pyrénées et la moyenne montagne alpine - Cf graphique de Soum Couy dans les Pyrénées atlantiques ci-dessous.
Toutefois, la séquence perturbée en cours permet à la haute montagne alpine de retrouver des valeurs conformes aux normales - Cf graphique de Tignes / Le Chevril ci-dessous. La haute montagne corse est également bien enneigée.
L'ensemble des graphiques climatiques est disponible sur la carte interactive en suivant ce lien.
D'après les modèles météorologiques, l'Europe occidentale et la France devraient rester sous l'influence d'un flux d'ouest doux et humide dans les prochains jours. Dans le détail, le flux ondulant entraînerait une alternance de passages pluvio-neigeux et d'accalmies ensoleillées. Dans ces conditions, sur les hautes terres du Massif central, les précipitations seraient encore au rendez-vous, avec une intensité moindre par rapport à ces derniers jours, mais toujours avec un dégradé Nord-ouest - sud-est sensible. Les chutes de neige envisagées mardi et mercredi devraient rester relativement faibles. La fonte du manteau neigeux devrait donc se poursuivre.
Prochain bulletin vers le 21 mars.
Bulletin du 1er mars 2023 - Déficit record chez les voisins des Préalpes du nord
Bonjour à tous,
Malgré les précipitations des derniers jours, le déficit hydrique s'est encore aggravé sur les hautes terres du Massif central. Au final, février 2023 apparaît comme un mois doux et très sec, l’un des plus secs des 30 dernières années. Je réaliserai un bilan complet du mois de février 2023 dans un prochain bulletin.
Toutefois, avec le retour du froid, l'ambiance est à nouveau hivernale sur les hauts plateaux: la température minimale a atteint -11,7°C lundi à la station Infoclimat du Sancy (1660 m), soit la valeur la plus faible depuis février 2018. Les épaisseurs de neige au sol restent très modestes, souvent inférieures à 10 cm, surtout à l'Est du Massif central - Cf graphique de Saint-Anthème.
Sans surprise, le déficit d'enneigement reste important, surtout en altitude - Cf graphique Mont-Dore 1700 m ci-dessous:
Les crêtes du Sancy aujourd'hui:
Dans les autres secteurs de montagne, le déficit d'enneigement s'est encore accentué. C'est le cas en particulier dans les Préalpes du nord, comme au centre d'étude de la neige du col de Porte en Chartreuse, où jamais une valeur aussi basse n'avait été observée depuis le début des mesures en 1960-61. Dans ces secteurs de moyenne montagne, la neige a souvent disparu alors que début mars correspond à la période de l'hiver la mieux enneigée - Cf graphique du Gua dans la Vercors ci-dessous.
Seule la haute montagne Corse enregistre des valeurs excédentaires.
L'ensemble des graphiques climatiques est disponible sur la carte interactive en suivant ce lien.
D'après les modèles météorologiques, le flux d'origine continentale devrait se maintenir sur l'Europe jusqu'en fin de semaine. Dans ces conditions, à l'échelle du Massif central, le temps serait calme, frais et sec, à l'exception de quelques chutes de neige anecdotiques en altitude.
Il faut se projeter la semaine prochaine pour envisager une évolution progressive de la circulation atmosphérique. La tendance qui se dégage est un renforcement du flux nordique en première partie de semaine (neige mardi / mercredi ?). Ensuite, dans la deuxième partie de semaine, un conflit potentiel sur le pays entre d'une part l'air froid continental ou polaire, et d'autre part, l'air doux océanique, donnerait un temps plus agité, plus doux et plus humide. Mais l'échéance est lointaine et il faudra patienter jusqu'au WE pour affiner cette tendance et savoir si des précipitations significatives vont enfin arroser le pays ou non.
Prochain bulletin vers le 11 mars
Bulletin du 21 février 2023
Bonjour,
Comme partout en France, les précipitations sont quasiment absentes depuis le début du mois de février dans le Massif central. Ainsi, faute de recharge, les épaisseurs du manteau neigeux diminuent partout, jusqu'à disparaître - cf graphique Saint-Agrève dans le Vivarais ci-dessous.
Sans surprise, l'enneigement est désormais déficitaire sur l'ensemble des hautes terres du Massif central, à l'exception de quelques sites privilégiés ombragés vers 1100 - 1200 m d'altitude. Au Mont-Dore, les hauteurs de neige varient entre 20 cm à 1200 m d'altitude et 90 cm au jalon à 1700 m - cf graphique Mont-Dore 1500 m ci-dessous.
Malgré les faibles réserves de neige naturelle, de nombreux domaines skiables ont fait le plein durant les premières semaines des vacances scolaires - cf photo Mont-Dore ci-dessous. La neige est évidemment bien transformée: gelée le matin et gros sel l'après-midi.
Le constat est identique dans les autres secteurs de montagne. Le déficit est particulièrement marqué dans le Vercors. Par exemple, au col de Porte (Chartreuse), où l'on dispose d'une longue série de données, il faut remonter à 1990 pour trouver une valeur aussi faible un 21 février - cf graphique ci-dessous.
L'enneigement est proche des normales uniquement dans quelques secteurs de haute montagne dans les massifs des Ecrins, du Parpaillon, du nord du Mercantour, en haute Corse - cf graphique Restefond ci-dessous.
L'ensemble des graphiques climatiques est disponible sur la carte interactive en suivant ce lien.
D'après les modèles météorologiques, les hautes pressions installées sur l'Europe de l'ouest et sur le pays devraient un peu se rétracter sur le proche Atlantique. Dans un premier temps, une descente d'air frais et humide associée à une goutte froide d'altitude toucherait l'ouest puis le sud du pays entre mercredi et vendredi, effleurant seulement le Massif central, situation frustrante pour les amateurs de neige. Puis à partir de samedi, c'est un flux d'Est continental qui devrait s'imposer. En termes de temps sensible, à l'échelle du Massif central, il devrait pleuvoir jusqu'aux plus hauts sommets mercredi et jeudi. Vendredi, la neige pourrait remplacer la pluie en altitude. Le sud du Massif central, la bordure sud-est en particulier, seront a priori les plus arrosés. A partir de samedi et surtout dimanche, un air froid mais sec devrait s'installer en basse couche comme en altitude. Pour résumer, les conditions ne semblent toujours pas favorables pour un retour de chutes de neige significatives sur nos sommets. A confirmer.
Prochain bulletin vers le 1er mars.
Bulletin du 11 février 2023
Bonjour,
Avant de parler de la situation actuelle, un petit retour sur le mois de janvier.
Bilan de janvier 2023
Sur les hautes terres du Massif central, janvier 2023 est frais, voire froid, généralement peu arrosé. Les chutes de neige discrètes dans la première quinzaine reviennent dans la seconde moitié du mois.
La moyenne mensuelle est négative au-dessus de 1000 à 1100 m d'altitude. Au pied du Puy de Sancy, à 1660 m d'altitude, la moyenne est de -2,3°C. Le déficit des températures par rapport aux valeurs normales s'accroît avec l'altitude - cf graphique de Chastreix-Sancy ci-dessous. Il faut remonter à novembre 2021 pour trouver un mois déficitaire.
Les précipitations sont le plus souvent inférieures à 100 mm. On se rapproche ou l'on dépasse 200 mm dans le coeur des monts Dore et du Cantal: la lame d'eau maximale dans les stations de référence est enregistrée au Mont-Dore 1200 m avec 230 mm. Les valeurs sont généralement déficitaires par rapport aux normales 1991-2020, sauf dans les Monts Dore, le Cantal et la Margeride - cf carte du Massif central ci-dessous.
La seconde partie du mois est généralement assez bien enneigée au-dessus de 1000 m d'altitude. Si les épaisseurs restent modestes, le manteau neigeux se maintient jusqu'à la fin du mois grâce au froid - cf graphique Deux-Verges au nord de l'Aubrac ci-dessous:
Bulletin du 11 février
Grâce au froid, l'ambiance est restée blanche depuis le début du mois sur les hautes terres du Massif central, malgré un léger tassement du manteau neigeux - cf graphique de Prat-de-Bouc ci-dessous.
Au Mont Dore, les valeurs sont proches des normales à 1200 m, mais inférieures au-dessus - cf graphique Mont-Dore 1500 m ci-dessous.
Les conditions de ski restent encore bonnes:
Faute de précipitations, le déficit d'enneigement touche désormais la majorité des montagnes françaises - cf graphique Bessans ci-dessous. Les valeurs sont proches des normales uniquement dans quelques secteurs comme la frontière italienne des Alpes du sud ou la Corse.
D'après les modèles météorologiques, les hautes pressions devraient se maintenir sur l'Europe de l'Ouest. Dans un flux désormais à dominante sud, le temps devrait rester ensoleillé et sec sur les hautes terres du Massif central, aggravant les déficits de précipitations et d'enneigement. Pas de changements majeurs en vue à moyen terme.
Prochain bulletin vers le 21 février.