Bilan hiver 2018-19 (définitif)

Bonjour,

Remarques méthodologiques introductives - Comme dans les bilans précédents, les valeurs "normales" sont calculées ici sur la période de 30 ans qui s'étend de 1985-86 à 2014-15, sauf indication contraire. Par ailleurs, "l'hiver" correspond ici au semestre froid, c'est-à-dire à la période comprise entre le 1er novembre et le 30 avril.

Un hiver doux

L'hiver 2018-19 est très doux et s'inscrit ainsi dans la tendance nette au réchauffement climatique à l'échelle globale. Dans nos trois stations de référence, le bourg du Mont-Dore, Auvers et le Mont Aigoual, 2018-19 se situe parmi les hivers les plus doux de la période 1985-2015, avec un excès proche de 1°C pour les trois postes. A l'échelle mensuelle, février, qui présente un excès de 3 à 4°C par rapport aux moyennes, et décembre, qui présente un excès de 2°C par rapport aux moyennes, sont particulièrement doux. A l'inverse, janvier est très déficitaire avec des températures inférieures de 2°C par rapport aux normales. Le graphique ci-dessous permet de positionner l'hiver 2018-19 avec davantage de recul historique, depuis 1950, à partir de l'exemple du Mont-Aigoual.

Un hiver sec à l'ouest, humide à l'est

Les précipitations de l'hiver 2018-19 sont inégalement réparties (voir carte ci-dessous). Elles sont excédentaires sur la bordure orientale, avec un total de 800 à 1500 mm dans les stations de référence, Borne dans le Tanargue constituant la station la plus arrosée de notre échantillon (1584 mm). A l'inverse, les précipitations sont déficitaires dans la partie occidentale, autour de 500 - 600 mm dans les stations de référence, sauf au coeur des massifs du Cantal et des monts Dore où l'on dépasse 1000 mm. Enfin, dans la partie médiane, les valeurs de 300 à 600 mm dans les stations de référence sont proches des normales.

Un enneigement déficitaire

L'enneigement 2018-19 se caractérise par un épisode majeur fin janvier - début février. En dehors de cette période, malgré des chutes de neige assez fréquentes, la douceur des températures explique la précarité du manteau neigeux. Au final, entre 1000 et 1200 m d'altitude, on relève en général 30 à 60 jours de neige au sol, des valeurs souvent inférieures aux médianes, surtout sur la bordure orientale. Les épaisseurs maximales sont quant à elles proches des normales, comprises souvent entre 30 et 60 cm. Au-dessus de 1200 m d'altitude, l'enneigement est plus abondant dans les monts d'Auvergne où les épaisseurs maximales dépassent le mètre au-dessus de 1500 m. Le graphique ci-dessous illustre la position de l'hiver 2018-19 au Mont-Dore 1200 m par rapport aux hivers précédents (2018-19 est représenté en jaune).

Le graphique d'enneigement du Sancy 1500 m illustre le régime de l'hiver 2018-19. Malgré des chutes de neige très précoces fin octobre, l'enneigement reste très modeste et déficitaire jusqu'en janvier. Puis des chutes assez abondantes entraînent un accroissement significatif du manteau neigeux dont les épaisseurs restent ensuite proches des valeurs normales jusqu'en avril.

Comme souvent, les chutes de neige tardives de mai touchent les plateaux du MC, comme ici dans la Chaîne des Puys :

Les images de l'hiver 2018-19 dans le Massif central sont accessibles via ce lien

Une fonte des névés en 2 phases

Les températures observées pendant la phase habituelle de fonte (entre avril et juillet) sont très proches des valeurs moyennes de la période 2005-19 (tableau ci-dessous). Dans le détail, le début du printemps est plutôt frais (mai en particulier), alors que juin et juillet sont très chauds, avec des valeurs proches des records sur la période 1950-2019 au bourg du Mont-Dore. Si les températures du printemps 2019 peuvent êtres qualifiées de "normales" sur la période récente, celles-ci sont très douces en comparaison aux valeurs enregistrées durant les périodes 1951-80 et 1981-2010.

Le printemps 2018-19 comparé au climat passé
Périodes de référence	1951-80	1981-2010	2005-19
Caractéristiques 2018-19	Très doux	Très doux	Normal

Les précipitations entre avril et juillet oscillent entre 300 et 500 mm dans les trois postes de référence, des valeurs nettement inférieures aux moyennes 2005-19 (tableau ci-dessous) : le déficit varie entre 30 et  34 %. Le printemps 2019 est donc très sec, et ce, quelle que soit la période de référence.

Le printemps 2018-19 comparé au climat passé
Périodes de référence	1951-80	1981-2010	2005-19
Caractéristiques 2018-19	Très sec	Très sec	Très sec

Dans ces conditions, le névé du val d’Enfer disparaît à la période habituelle, c’est-à-dire entre le 11 et le 20 juillet. Toutefois, on peut distinguer deux phases. Jusqu'en juin, malgré des apports neigeux modestes pendant la phase d'alimentation, la fonte reste modeste grâce aux températures fraîches et aux faibles précipitations (photo ci-dessous du 16 juin 2019).  En revanche, la fonte s'accélère nettement à partir de juin, conjointement à la hausse des températures.

Les images de l'été 2019 dans le Massif central sont accessibles via ce lien

Dans les Alpes et les Pyrénées

Pour 2018-19, l'enneigement est plutôt excédentaire dans les Alpes du nord en haute montagne et déficitaire dans les Pyrénées, surtout dans les Pyrénées orientales. Parmi les valeurs remarquables, on peut citer la persistance de l'enneigement aux balises Météo-france des Rochilles (Massif du Thabor - 2450 m) et au col Agnel (Queyras - 2630 m) : la durée de 230 jours est en effet la plus longue observée sur la période étudiée (2003-04 - 2018-19).

Bon automne, en attendant les premières neiges dans le massif !