50 ans d'évolution de l'enneigement

Bonjour,

Comme l'actualité météorologique reste insipide, je vous propose un état des lieux synthétique sur l'évolution des niveaux d'enneigement durant ces 50 dernières années dans le Massif central et dans les Alpes.

D'abord, rappelons le contexte global, des températures en hausse en montagne durant ces dernières décennies, en s'appuyant sur deux exemples: le Mont Aigoual, le poste météo le plus haut du Massif central où l'on dispose de longues séries (1567 m) et le col du Grand Saint-Bernard (2472 m), dans les Alpes suisses un peu à l'Est du massif du Mont-Blanc.

Au Mont Aigoual d'abord, les séries de données montrent que les températures franchissent un palier au milieu des années 80: pour le semestre froid par exemple, les températures moyennes qui oscillaient entre 0°C et -2°C depuis les années 50 dépassent souvent 0°C à partir des années 90 (cliquer sur le graphique ci-contre pour agrandir).

Au col du Grand Saint-Bernard, l'évolution est similaire: pour le semestre froid, les températures moyennes oscillent entre -6°C et -8°C entre les années 60 et le début des années 80, puis à partir de la fin des années 80, elles varient davantage entre -5°C et -6°C (cliquer sur l'image pour agrandir).

Si l'on compare les moyennes des deux périodes de 30 ans 1961-90 et 1981-2010, on observe une hausse de 0,7°C pour les deux postes du Mont Aigoual et du Grand Saint-Bernard. A haute altitude comme au Grand Saint-Bernard, les températures restent évidemment largement négatives et l'enneigement hivernal n'est pas encore affecté par la hausse des températures; en revanche, en moyenne montagne où les températures sont trop douces pour garantir des précipitations exclusivement neigeuses pendant l'hiver, les conséquences sur l'enneigement sont déjà très nettes...

Le graphique suivant montre l'évolution du nombre de jours de neige au sol au Mont-Dore ville (1050 m), un des rares postes du Massif central à posséder des séries assez longues sur l'enneigement (cliquer sur le graphique pour agrandir). S'il existe une forte variabilité interannuelle de l'enneigement durant ces 50 années, il apparaît néanmoins que la plupart des hivers bien enneigés s'observe avant le milieu des années 80. On remarque également le caractère excessif de l'enneigement des dernières années, 127 jours de neige au sol en 2005-06, la valeur la plus élevée de la série, 31 jours l'hiver suivant en 2006-2007, la deuxième valeur la plus faible de la série après 1991-92.

La baisse récente des niveaux d'enneigement au col de Porte (1320 m) dans le massif de la Chartreuse au Nord de Grenoble est encore plus spectaculaire. Le graphique ci-contre illustre les épaisseurs médianes durant la période décembre - avril (cliquer sur le graphique pour agrandir). Entre les années 60 et le début des années 80, l'épaisseur du manteau neigeux est proche de 1 m à 1,5 m tout au long de l'hiver, on atteint même la valeur de 2 m lors de l'hiver 1965-66. Les épaisseurs maximales (qui ne sont pas indiquées sur le graphique) dépassent alors souvent 2 m durant ces hivers. A partir de la fin des années 80, les épaisseurs diminuent considérablement: elles varient désormais le plus souvent entre 50 cm et 75 cm. Les hivers très peu enneigés (médiane décembre - avril < 20 cm) se répètent à partir des années 90, comme en 1989-90, 1992-93, 1995-96, 2006-07, alors que seul l'hiver 1963-64 a connu un tel déficit avant les années 80.

Le début d'hiver 2011-12 s'inscrit pleinement dans cette tendance lourde de baisse des niveaux d'enneigement. Que voit-on sur les modèles météorologiques pour la suite ? Toujours la même récurrence, c'est-à-dire un flux de Sud-Ouest doux et peu humide, donc pas de neige en vue en moyenne montagne et des températures trop douces pour faire fonctionner les canons à neige...

Prochain bulletin vers le 1er décembre.